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Assurer ses seconds en cordée de trois grimpeurs

Grimper en cordée de trois peut être très rapide, mais quelle est la technique pour assurer ses seconds sans perdre de temps lors de notre escalade?

Textes y photos:
José Carlos Iglesias
Guide de Haute Montagne UIAGM


Une cordée composée de 3 grimpeurs peut être aussi rapide et effective qu'une cordée de 2. Pour cela, il faut avoir une bonne organisation et une excellente coordination. Augmenter le nombre de membres d'une cordée (3 maximun en escalade) simplifie les tâches puisque le nombre de main se démultiplie dès lors que l'on veut organiser les cordes au relais, assurer le premier de cordée, préparer le matériel, le repas ou le bivouac voire même pour faire des photos.

Sur des voies de plusieurs longueurs cela permet d'alterner pour passer en tête, ce qui permet aux autres grimpeurs de se reposer. À trois la conversation est plus riche, ce qui permet une escalade plus agréable. Dans des situations d'urgence, la réalisation de manoeuvres de secours se simplifie quand nous pouvons compter sur un troisième membre.

L'astuce consiste tout simplement à ne pas perdre de temps pendant la progression des deux seconds. Pour cela, le premier de cordée devra les assurer en même temps et de la même manière que s'il s'agissait d'une cordée traditionnelle. Le premier de cordée grimpera en tirant 2 cordes, à la fin desquelles les deux seconds seront encordés chacun sur un brin. Celui qui grimpe en tête arrivera au relais d'où il assurera ses compagnons. Cette manoeuvre d'assurage doit être précise et sûre, car les deux grimpeurs monteront en même temps tout en respectant une distance de sécurité entre eux (Photo1).

Photo 1: Progression de deux seconds de cordée qui respectent un espace de sécurité entre eux.

Cette distance de sécurité sera quelque peu déterminée par le type de voie et la morphologie de la roche. Il en est de même pour déterminer le type de cordes à choisir en disposant pour cela de plusieurs options:

Deux cordes à double. À l'heure actuelle, il y a différents diamètres de corde sur le marché, mais l'important est de choisir une corde homologuée pour un usage à double. Normalement, le diamètre de ces cordes sera compris entre 8 et 9 mm. Néanmoins, certaines cordes sont à la fois homologuées pour grimper à simple, à double et en jumelée. Plus le diamètre est gros moins, il y a de risques de sectionner la corde contre des arêtes ou des parties saillantes de la roche. C'est une bonne option pour les longues voies en général et particulièrement pour les cordées à trois. Le premier grimpera en employant deux cordes homologuées pour grimper à double et il alternera le passage de celles-ci dans les points d'ancrage pour éviter le tirage lors de sa progression.

Deux cordes jumelées. Généralement, les diamètres d'une corde jumelée sont compris entre 7 et 8 mm. Néanmoins et encore une fois, certains fabricants proposent des cordes jumelées d'un diamètre supérieur. Si la cordée se compose de trois grimpeurs, il est nécessaire qu'elles aient un diamètre de 8,5 mm au minimum et qu'elles soient homologuées pour une utilisation en jumelée. Il faut rappeler que chaque second sera encordé sur un brin et ces brins doivent supporter les possibles chutes ou les possibles frottements de la corde sur la paroi. Lors d'une utilisation d'une corde jumelée, le premier de cordée devra passer les deux brins dans chaque ancrage comme s'il s'agissait d'une corde à simple.

Une corde à simple et une corde à double. Cette option est assez intéressante lors d'une progression en cordée de 3. Le premier grimpera en utilisant uniquement la corde à simple pour assurer sa progression. La corde à double sera fixée au harnais comme une corde auxiliaire de hissage. Arrivé au relais, il assurera ses deux compagnons à l'aide des deux cordes. Cependant, si la voie impose une traversée, la corde à double devra être fixée au pontet et devra être passée dans chaque point d'ancrage (conjointement à la corde à simple) de manière que les seconds ne fassent pas un pendule, s'ils venaient à chuter dans la traversée.

Cette même règle, dans le même cas de figure, devra être appliquée lorsque nous grimpons en employant deux cordes à double. Le premier de cordée doit penser à la sécurité des deux grimpeurs qu'il précède. Si besoin est, lors d'une traversée avec un grand risque de chute, il est peut-être judicieux de placer des points d'ancrage plus proches les uns des autres, tout en passant les deux cordes dans chacun d'eux.

Une fois que le premier de cordée a atteint le relais et qu'il se vache, il préparera la manoeuvre d'assurage des deux seconds de cordée. L'objectif est de réduire le temps d'escalade en les faisant grimper en même temps. Une fois le relais monté et les deux seconds mis sous tension, le premier commencera à grimper alors que le deuxième laissera son compagnon prendre quelques mètres d'avance avant de s'élancer. Ainsi, ils ne se gêneront pas pendant la progression. De même, si en milieu de longueur, il y a un passage clef, celui-ci se franchira un par un, toujours en conservant cette distance de sécurité.

Pour assurer deux seconds, il existe plusieurs systèmes qui simplifient grandement les manoeuvres et permettent d'assurer deux grimpeurs à la fois directement sur le relais. Bien entendu, tout dépend du matériel disponible et des connaissances du grimpeur pour choisir le système le mieux adapté. Dès maintenant, nous allons détailler certaines manoeuvres d'assurage.

1. DEUX NOEUDS DEMI-CABESTAN. En employant deux mousquetons HMS (en forme de poire), nous placerons 2 demi-cabestans de façon à assurer les seconds de cordée de manière indépendante.

Photo 2: Assurage avec 2 demi-cabestans maintenus à distance l'un de l'autre par un troisième mousqueton.

Très important: pour éviter que les deux noeuds ne se gênent, il faut placer un troisième mousqueton entre les deux premiers de façon à maintenir une distance nécessaire au correct fonctionnement de la manoeuvre (Photo 2). Les deux cordes doivent être maintenues avec les deux mains et parallèlement pour faciliter le coulissement de la corde et optimiser le blocage si cela était nécessaire. Dans la photo 3 nous pouvons imaginer les problèmes que l'on pourrait rencontrer si l'on oubliait de placer le mousqueton intermédiaire.

Photo 3: Danger! Sans mousqueton intermédiaire, les cordes coulissent difficilement!

Dans une variante plus sûre, nous pouvons combiner un demi-cabestan avec un noeud autobloquant (Photo 4). Ce noeud sera directement uni au relais par l'intermédiaire d'un mousqueton de sécurité de telle manière que, lorsque notre compagnon tombera, le noeud se resserrera sur la corde et la bloquera. Pendant l'assurage, le noeud autobloquant devra être lâche et devra être maintenu avec une main lorsque nous avalons le mou, pour qu'il puisse rester en place et faciliter ainsi le travail de la corde. Si le ou les seconds tombent, nous laisserons le noeud autobloquant se mettre en tension tout en maintenant une main sur le brin permettant de freiner la chute.

Photo 4: Combinaison d'un noeud autobloquant avec un demi-cabestan.

2. GRIGRI AU RELAIS. Le Grigri est un bon système d'assurage autobloquant qui permet d'assurer un second directement sur un relais (Photo 5). Le seul problème est que pour assurer 2 seconds, nous avons besoin de 2 Grigri, ce qui est beaucoup trop lourd et volumineux.

Photo 5: Correcte utilisation d'un GRIGRI sur un relais.

Il faut absolument éviter que le Grigri ne soit en contact avec la paroi pour éviter que le levier ne puisse s'ouvrir par inadvertance et annuler le blocage de la corde (Photo 6).

Photo 6: L'un des risques d'une utilisation incorrecte du Grigri.

3. COMBINAISON D'UN GRIGRI AVEC UN DEMI-CABESTAN. Là encore, nous avons une option tout à fait valable pour assurer deux seconds de cordée, mais il ne faut pas oublier de placer un mousqueton au milieu du dispositif pour faciliter les manoeuvres d'assurage (Photo 7).

Photo 7: Combinaison d'un Grigri avec un demi-cabestan sans oublier le mousqueton intermédiaire de séparation.

4. PLAQUETTE DE FREIN GIGI. Très légère et simple d'utilisation, elle permet d'assurer les deux grimpeurs en même temps mais de manière indépendante. La plaquette est mousquetonnée directement sur le relais et le mousqueton servant de frein devra être d'un diamètre assez large. Si l'un des grimpeurs tombe, la corde s'autofreine sans pénaliser la progression de l'autre grimpeur (Photo 8). L'idéal serait que les deux grimpeurs paralysent l'ascension de façon à toujours conserver cette distance de sécurité et pour faciliter les manoeuvres à l'assureur situer au relais.

Photo 8: La corde jaune est bloquée alors que la corde noire continue à travailler correctement dans le système.

5. LES TUBES DE TYPE REVERSO. Ces types de systèmes d'assurage sont très efficaces et très populaires puisqu'il en existe une infinité de modèles et de marques différentes. Comme le système précédent, si l'un des grimpeurs a mis la corde sous tension pour se reposer, l'autre grimpeur peut continuer sa progression (Photo 9), même si l'idéal serait que ce dernier paralyse son ascension.

Photo 9: Le reverso avec la corde noire bloquée alors que la corde jaune continue à travailler correctement.

Quel que soit le motif, si nous devons redescendre l'un de nos compagnons, nous serons obligés de mettre en place une manoeuvre simple d'auto-secours. Nous placerons une cordelette auxiliaire en poulie avec un renvoi sur l'un des points d'ancrage du relais avec une extrémité attachée au mousqueton de freinage et l'autre relié au harnais de l'assureur (cordelette orange sur les photos 10 et 11).

Photo 10: Manoeuvre de déblocage: Cordelette passée en poulie sur l'un des points d'ancrage du relais.

Photo 11: Pour plus de sécurité, assurez vos compagnons par l'intermédiaire de deux demi-cabestans sur le harnais.

Pour plus de sécurité, avant de débloquer le système de freinage en tirant sur cette cordelette (pour cela, il suffit de s'asseoir dans notre baudrier), nous pouvons assurer nos compagnons par l'intermédiaire de deux demi-cabestans sur le harnais de l'assureur (photo 11). L'idéal serait de toujours prévenir les grimpeurs de la manoeuvre que nous allons réaliser. Le grimpeur qui n'a pas de problème peut se reposer et nous bloquerons sa corde et le demi-cabestan correspondant à l'aide d'un noeud de mule. Ainsi, nous pouvons nous occuper exclusivement de celui qui doit redescendre ou qui a des problèmes. Ces manoeuvres de sécurité sont basiques, mais elle demande une certaine pratique pour pouvoir les réaliser correctement.

Une cordée de 3 grimpeurs peut être aussi rapide qu'une cordée traditionnelle à partir du moment où l'on a un bon bagage technique pour ne pas perdre de temps lors de la réalisation des manoeuvres, qu'il y a une excellente communication entre les membres de la cordée et si les deux seconds grimpent ensemble. Avant de commencer, il est indispensable d'établir un plan d'action: qui grimpera en tête, et quand, comment répartir le matériel, comment s'organiser au relais, etc. C'est un travail d'équipe et un grand moment à partager tous ensemble.

Notre sélection de matériel nécessaire au montage d'un relais.

Anneaux de sangle            Cordes Dynamiques

Notre sélection de matériel nécessaire à l'assurage direct sur un relais:

Mousquetons HMS              Cordelette au mètre

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