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Première au Nyainqentangla Sud Est, Tibet, 7046 m, 1600m ED+

Nick Bullock et Paul Ramsden ont réussi une première sur le pilier Nord du Nyaingentangla, après un effort de 7 jours et 1600 m de déniveler positif en ED+.

Pilier Nord du Nyainqentangla Sud-Est.
Blog de Nick Bullock: http://nickbullock-climber.co.uk

Paul Ramsden, fidèle à son rendez-vous annuel, raconte une nouvelle ouverture lors d'une expédition alpine sur une montagne méconnue et éloignée. Seulement, cette année, ce ne sera pas en compagnie de Mick Fowler, mais de Nick Bullock et, ce ne sera pas non plus dans les vallées perdues du Ladakh et du Zanskar, mais au Tibet.

Partis le 2 octobre, Ramsden et Bullock ont réussi une première sur le pilier Nord du Nyaingentangla sud-ouest, après un effort de 7 jours et 1600 m de déniveler positif en ED+. Ils sont revenus le 8 en redescendant par l'arête Est, il y a quelques jours.

Ce sont les premiers Occidentaux à s'être aventurés dans cette vallée Nord du Nyaingentangla; la seule information disponible, ils l'ont trouvée sur Google Earth et à partir de certaines photos lointaines de Tom Nakamura.

“Lorsque nous sommes arrivés, les locaux nous avaient dit que par cette face, il était impossible de grimper. Ils faisaient référence à la taille et la verticalité de la paroi, et que jamais personne ne s'était aventuré là-bas.”

Observation de la ligne idéale.
L'obtention des permis pour cette terre inconnue ne fut pas la chose la plus simple, à tel point que Bullock qualifie de tour de passe-passe, ce que Paul Ramsden a fait pour y parvenir. Ils n'avaient aucun moyen de communiquer avec l'extérieur et ont donc été obligés de s'engager dans cette montagne sans relevé météorologique et sans connaître la bonne fenêtre météo, comme à l'ancienne. Et, bien entendu, le temps ne les a pas accompagnés: “la météo a été complexe. La plupart du temps, nous avons eu du soleil, de la pluie, de la neige, du vent, de la neige humide, des nuages, des tempêtes, du grésil… aucune journée ne ressemblait à la précédente et normalement, les précipitations se succédaient et ne duraient que quelques minutes. Ce n'est pas une expédition pour ceux qui s'attendent à sortir avec une fenêtre de 5 jours de beau temps.”

“Nous n'avions absolument aucun moyen de communiquer avec l'extérieur, nous étions à nos dépens”
, affirme Nick Bullock sur son blog.

Le camp de base était situé à 5000 mètres d'altitude. “Cette face de la montagne, une face vierge sur une montagne vierge, c'est presque impossible à décrire sans utiliser de superlatifs. C'était un rêve plein de couloirs, de glaces, de champs de neige, d'arêtes… comme un mont Cervin gigantesque et déformé qui tourne sur lui-même. L'escalade commençait à 5400 m; le sommet, ils disaient qu'il se trouvait à 7046 m. Nous imaginions plein de lignes sur notre objectif.”

La voie ouverte sur le Nyainqentangla
Ils partirent avec de grands sacs à dos vers une montagne, “qui enfin donnait un sens au mot INSIGNIFIANT.” Devant eux, 7 jours d'escalade avec ses 6 bivouacs entre neige fraîche, glace, verticalité, alpinisme, engagement, mais toujours “dramatiques et saisissants”.

Dans la paroi

Magnifique cordillère.
Le cinquième jour, ils atteignaient le sommet à la mi-journée. “J'étais heureux. Paul aussi était heureux. Le temps n'était pas si mauvais. Nous avions décidé de traverser la montagne par l'arête Est.”

Au sommet.
Rapidement, ils furent engloutis par les nuages et la neige, sur un terrain très dangereux, et suite à trois chutes dans des crevasses, ils décidèrent de monter la tente dans l'espoir de voir venir un lendemain meilleur. Mais il commença à neiger tant et plus qu'ils se retrouvèrent bloqués quelque part aux alentours de 6500 m, dans une face inconnue, avec très peu de nourriture et sachant encore moins comment sortir de là. Dorénavant, ils regrettaient leur décision d'entreprendre cette traversé.

Le sixième jour, les chutes de neige persistaient et le brouillard était toujours présent. Cependant, vers 9h00, les précipitations s'interrompirent et malgré d'importantes accumulations et un risque d'avalanche élevé, ils ne pouvaient pas rester assis au milieu de nulle part. ”Paul a réalisé un coup de maître en trouvant le couloir de sortie qui nous emmenait de l'arête supérieure vers l'inférieure, après plusieurs rappels dans la face nord. L'habileté de Paul pour deviner la route et traverser ce terrain technique fut extraordinaire, ses années de grimpe en style alpin et son expérience ressortaient providentiellement.”

Une fois arrivés en bas après une descente très engagée, il leur restait une dernière journée, non moins dure, durant laquelle ils ont été obligés de traverser une moraine chaotique pendant 8 heures, qui finalement les a laissés proches du village et de la maison dans laquelle les attendait l'attaché de liaison tibétain.

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