Dans des conditions d'autonomie complète, l'équipe de l'expédition Wowo 2012 compte rester dans la forêt jusqu'en mars afin de continuer l'exploration commencée il y a maintenant plus de 30 ans.
La première exploration spéléologique de la zone a eu lieu en 1980. Les spéléologues ont découvert les gouffres de Bikbik Vuvu (- 414 m et 3 km de développement) et Liklik Vuvu (- 293 m et 6,8 km de développement). En 2010 on a trouvé la jonction des deux cavités après avoir plongé dans deux siphons et on a développé le réseau connu sur un total de 13,6km. Pour cette édition 2012, les spéléologues comptent poursuivre l'escalade vers l'amont à la poursuite du courant d'air, atteindre la résurgence perchée dans les gorges de la Matali et tenter de remonter le réseau et la rivière souterraine par cette entrée inférieure, ainsi que de prospecter le massif à la recherche d'autres entrées au réseau.
On reprend ici les dernières déclarations de l'équipe pour Ariegenews via téléphone satellite.
«Le 13 février 2012: les news sont bonnes...
Notre groupe est efficace et déjà plus de 4 kilomètres de nouvelles galeries explorées depuis notre arrivée sur le massif, dont 3 dans le réseau Wowo.
Une équipe de 3 spéléos a réalisé une pointe dans le terminus aval de 2010 à 550 mètres de profondeur. Le second siphon n’existe plus. C’est maintenant une simple vasque où l’on se mouille jusqu’au ventre. L’exploration a duré 20 heures et a permis de rallonger le réseau de deux kilomètres. Après report topographique sur carte, la résurgence n’est plus qu’à environ 1,5 kilomètres à vol d’oiseau de notre terminus. La traverser devient une possibilité.
Une seconde équipe de 4 spéléos est partie trois jours sous terre dans le but de réaliser des escalades dans les amonts du réseau à la poursuite du courant d’air. Après escalade du puits de 70 mètres qui nous avait arrêté il y a deux ans faute de temps, nous avons grimpé de nombreuses autres verticales et découvert de vastes galeries jusqu’à arriver à une nouvelle entrée du réseau: une verticale majestueuse de 25 mètres par 10 de section, et de 160 mètres de haut.
Le surlendemain, grâce au report topographique et avec l’aide des Papous, nous avons atteint cette entrée par le haut pour avoir des coordonnées GPS précises et raccorder la topographie. Cette nouvelle entrée est plus haute de 40 mètres par rapport à celle de bik-bik, le réseau Wowo fait à ce jour 638 mètres de profondeur.
Une météo plus clémente est plus agréable à vivre mais la contrepartie est que nos réserves d’eau s’amenuisait. A midi, elles étaient presque épuisées. A 15h, un orage éclate enfin. A 17h, nous avons à nouveau 500 litres en réserve.
Premières blessures aussi, une au pied et une déchirure musculaire ont maintenu deux d’entre nous au camp pendant trois jours.
Aujourd’hui, une nouvelle pointe post-siphon se prépare et les équipes prospectent pour trouver de nouvelles entrées.
Notre camp de base est installé à mi-chemin entre le camp de Pakia et celui de Pomio en bord de mer. Nous sommes devenus la curiosité locale et un point d’arrêt obligé pour les Papous. D’autant plus que grâce à celui d’entre nous qui est guitariste professionnel, l’ambiance est chez nous plutôt festive.
Il faut 8 heures de marche aux habitants de Pakia pour rejoindre Pomio, le village où ils peuvent acheter quelques biens indispensables. Imaginez faire 18h de marche aller-retour pour aller chercher 5 litres d’essence ou des tôles pour la maison! Pourtant, c’est ce qu’il font régulièrement.
En ce moment même, une équipe de la télévision japonaise réalise un tournage à une dizaine de kilomètres de nous, dans le gouffre de Kavakuna qui fut descendu pour la première fois en 1979 par une équipe de Suisses et a été exploré l’année suivante par des Français. De gros moyens mis en œuvre pour une cavité facile et connue de longue date. L’aventure est une notion subjective!
A bientôt !»
Explos - Expédition Wowo 2012
Le site de l’expédition: www.2012.papouasie.org
Phil Bence, Florence Guillot, Guillaume Capgras,


