La route en question comprend 500m du côté nord-ouest des Pointes supérieures de Pré de Bar. "Il fait froid, il fait sombre, et je suis seul. La neige en croûte couvre le glacier d'Argentière. Plus je me rapproche du mur, plus il me semble que la chaîne de montagnes que j'ai devant, avec ses nombreuses petites aiguilles, dévore tout autour d'elle. Le mur semble croître à mesure que j'avance."
Il sort de sa tente, installée sur le glacier, à 4h00 du matin, et commence tout seul. "Tout d'abord je grimpe une pente de neige à la verticale, puis le terrain devient plus compliqué et je commence l'auto-assurage. Des fines veines de glace m’élève de plus en plus haut, jusqu'au moment où une section courte mais complexe de glace me dépose dans le milieu de la paroi. Il est 07h30."
Au-delà de ce point, l'escalade change: "5 mètres de glace mince, après un peu d'artificielle, et puis il faut enlever les gants, nettoyer la neige et la glace du rocher, et remonter quelques mètres avant de réutiliser mes piolets. Il s'agit d'une escalade complexe. C'est ce que j'aime du terrain mixte. Il ne s'agit pas d'être bon à une chose. Il faut maîtriser tous les types de terrain."
Bientôt arrive la clé de la voie, après un pendule et un peu de mixte. "Les 50m suivants sont la clé du mur entier. Les points d'assurance ne sont pas trop bons et la montée est encore plus exigeante que dans les longueurs précédents. Il m'a fallu 1 heure et demie pour arriver au relais suivant. Le chemin est désormais ouvert vers le sommet."
Les veines de glace continueront à montrer le chemin vers le haut. Cependant, "en grimpant, les lignes sont de plus en plus mince, deviennent plus capillaires, à peine pour tenir mon poids. Le processus d'auto-assurance me fatigue : grimper, descentes en rappel, monter à nouveau l'équipe ..."
Mais finalement j'y suis: «En fin d'après midi, après plus de 13 heures, je me trouve enfin sur le sommet. Je descends la même route, un grand effort mental à nouveau. Je me sens fatigué, mais je dois me concentrer pendant 3 heures jusqu'à mon retour."
Et retour à la civilisation: «Le lendemain matin, je rentre à Chamonix. La télécabine est fermée. Je pourrais attendre un peu plus dans la tente, mais après cette ascension, mon désir de civilisation est aussi grande que mon désir pour une aventure de ce genre avait été."
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