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Ancrage naturels, progression et protection rapide sur les crêtes et les arrêtes. (Troisième et dernier chapitre)

Progression et protection rapide sur les crêtes et les arêtes.<br> Voici le dernier chapitre de ce texte technique.

En toute logique, l'emploi de la corde sur ce type de formations est nécessaire. Cependant, sur un terrain sans aucune protection, la corde peut nous créer une fausse sensation de sécurité. Dans les tronçons d'escalade sur les crêtes et les arêtes aiguisées avec aucun point d'assurage possible, une chute peut se révéler fatale. Nous devons donc nous attacher avec une corde courte d'environ trois mètres entre les deux alpinistes sur les crêtes rocheuses et environ six mètres sur les arêtes de neige. Sur les arêtes de neige il peut être intéressant de disposer d'un peu de corde supplémentaire à la main afin d'avoir de plus de temps de réaction. Nous marcherons sur l'arête, l'alpiniste le plus expérimenté en second en étant toujours très attentifs à notre compagnon. Si l'alpiniste qui va devant tombe à gauche le second alpiniste devra sauter à droite, afin de créer un contrepoids à la chute, et vice et versa. C'est une manœuvre limite, mais c'est peut être la seule manière de s'arrêter sur les arêtes. Si la pente est douce, nous réaliserons des manœuvres pour s'auto-engager dans la neige et il faudra ensuite remonter simultanément, en communicant avec le compagnon. Sur les crêtes rocheuses la manœuvre sera semblable mais il faudra faire attention à la possibilité de coupure de la corde à cause du bord aiguisé du rocher. Chaque fois que c'est possible nous assurerons les longueurs compliquées et douteuses.

Dans les crêtes, nous chercherons un bloc, nous lui passerons une sangle ou une cordelette, placerons un mousqueton de sécurité et nous nous attacherons à celui-ci au moyen de la corde. Une fois assuré , le mouvement suivant consistera à assurer notre compagnon. Pour cela nous pouvons employer n'importe quel système d'assurance dynamique (un nœud dynamique, des plaques, huit) afin de réduire les forces d'impact de la chaîne de sécurité. Si nous le considérons approprié, nous pouvons réaliser une assurance simple au corps, d'une manière rapide et effective.

Sur la photo 14 nous observons un alpiniste assuré grâce à un anneau passé autours d'un bloc en employant pour cela la corde d'escalade. L'assurage avec le corps est rapide et sûre dans certaines circonstances. Il est nécessaire que la corde qui nous attache à la réunion reste tendue, afin de nous maintenir stables en cas d´une traction brusque de la corde du compagnon. Si les conditions le requièrent, nous assurerons avec le harnais, au moyen d'un nœud dynamique, par exemple, comme nous voyons sur la photo 8. Dans d'autres occasions nous pouvons assurer le compagnon directement à la réunion. Pour cela nous emploierons simplement un mousqueton attaché à l'anneau du bloc et un nœud dynamique ou bien n'importe quelle plaque de frein avec possibilités de blocage, comme nous le voyons sur la photo 15.

Une autre manière rapide d'assurer le compagnon est de passer la corde directement autour du bloc, afin de provoquer un frottement. L'alpiniste se situera un peu au-dessous du bloc afin de fermer l'angle et afin de produire plus de friction. La capacité de freinage viendra du frottement provoqué par la roche sur la corde. Sur la photo 16 nous observons un tel exemple.

Dans les arêtes neigeuses nous monterons une réunion en employant le matériel disponible (piolets, pieu à neige, vis de glace, etc..) ou les ancrages naturels comme les rimayes, les blocs de glace, etc.. Nous réaliserons le même processus que sur les crêtes rocheuses. La pénétration de la corde dans la neige peut nous aider à l'heure de créer une plus grande friction ou résistance dans le système d'assurage, comme nous l'avons vu sur la photo 13. Dans les crêtes rocheuses le premier de cordé progressera en plaçant des points d'assurages conformément aux nécessités et la morphologie du terrain.

Un système d'assurage pratique, rapide et léger sont les sangles et les cordelettes. Pour cela nous chercherons un bloc solide, nous passerons la sangle autour et finalement passerons le mousqueton à la corde. Nous vérifierons que les arêtes et les contours du bloc n'abîment pas le matériel. Si tel est le cas, nous changerons de bloc ou nous essaierons de protéger le matériel. Nous vérifierons aussi que la sangle ou la cordelette ne sorte pas du bloc à cause d'un mouvement inespéré de la corde. Une autre forme d'assurage consiste à passer simplement la corde au milieu des blocs et dans les crevasses. C'est une technique rapide mais qui requiert de l'expérience et une observation continue pour éviter que la corde puisse ressortir des points d'assurages.

Sur les arêtes de neige nous serons plus limités au moment de monter des points d'ancrages naturels, ce qui nous obligera certainement à employer des pieux de neige. Il est possible que durant l'escalade de certaines longueurs, le nombre de point d'assurages que nous pouvons placer reste très limité. Si tel est le cas, nous devons évaluer les possibilités d'une chute et essayer que la distance ne soit pas excessive ou dangereuse entre chaque point.

L'escalade sur les crêtes et les arêtes doit être légère, sans perdre trop de temps, en partie à cause des conditions météorologiques toujours changeantes en haute montagne. Mais nous ne devons pas baisser la garde en ce qui concerne la sécurité et une bonne manière d'escalader en sécurité et de prendre simplement en compte l'étendue des possibilités du terrain pour créer des points d'assurage. Chaque fois que nous assurerons le compagnon nous devrons le faire avec une grande attention et en employant des techniques sûres. Le positionnement du corps est très important, surtout quand nous assurons grâce au harnais ou au dos. Nous chercherons toujours une position stable et en essayant d'utiliser la force des jambes. Nous devrons toujours vérifier la direction possible de la traction en cas d'une chute éventuelle du compagnon. Il sera parfois nécessaire d'assurer en position assise et d'autres fois, debout. Mais quelque soit la situation d'assurage l'attention doit être toujours la même. Durant l'escalade en cordée, cette attention doit être redoublée, du fait que n'importe quel membre de la cordée peut tomber à tout moment de manière inespérée.

Le choix d'un bon ancrage naturel requiert du temps et de la pratique. Nous ne pouvons pas passer un anneau à la première pierre que nous trouvons au milieu de la crête. Il est nécessaire de toujours vérifier minutieusement le bon état et la stabilité du point d'assurage que nous allons employer. La résistance de tels ancrages naturels va dépendre de la solidité de ceux-ci. Aux réunions ou dans les points de chute possible d'alpiniste nous devrons choisir le meilleur point d'ancrage naturel. En escalade artificielle nous avons toujours le choix de passer avec des points d'ancrage peu résistants qui nous permettent de progresser « sur la pointe des pieds » ou de choisir de monter des points d'ancrages qui nous nous permettront, le cas échéant, de tomber sans conséquences graves.

L'escalade en terrains d'aventure est excitante et nous transporte toujours aux origines de ce sport. Les crêtes rocheuses et les arrête de neige sont des endroits qui nous offrent des opportunités illimitées de progresser, en employant pour cela les ancrages offerts par la nature.

Textes et photos:
José Carlos Iglesias
Guide de montagne UIAGM


Protection sur les crêtes


Photo 8

Photo 13

Photo 14

Photo 15

Photo 16

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