Vendredi matin s'est déclenchée l'une des avalanches les plus meurtrières de l'histoire de l'Everest, avec seulement neuf guides sauvés et trois autres encore portés disparus.

Une avalanche s'est produite sur les pentes de l'Everest vendredi 18 avril vers 06 h 45, tuant au moins treize guides népalais qui préparaient l'arrivée des alpinistes pour la haute saison. L'avalanche a eu lieu à environ 5 800 mètres d'altitude, dans une zone surnommée « popcorn field », sur la dangereuse traversée de la cascade de glace qui mène au glacier Khumbu. Il s'agit de l'accident le plus meurtrier de l'histoire du plus haut sommet du monde selon Elizabeth Hawley, la spécialiste américaine des ascensions au Népal.
Les victimes de cet accident dramatique faisaient partie d'un groupe de sherpas transportant tentes, nourriture et cordes afin de préparer la venue des clients lors de la haute saison, qui commence à la fin de ce mois d'avril. Le groupe de guides avait entrepris une expédition matinale sous le soleil, comme raconte Bhim Paudel, un responsable de l'agence Himalayan Climbing Guides Nepal : « Quand nos guides ont quitté le camp de base, il ne neigeait pas, la météo était exceptionnelle. Des dizaines de sherpas d'autres agences avaient franchi ce passage délicat avant le déclenchement de l'avalanche ».
Tous les étés, lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables, des centaines d'alpinistes venus du monde entier partent à l'assaut des pics de l'Himalaya avec l'inestimable aide des guides de la zone. Cet accident met en lumière les risques pris par les sherpas qui transportent les tentes, apportent l'approvisionnement, réparent les échelles et fixent les cordes pour aider les alpinistes étrangers à gravir le sommet de l'Everest.
Annulations de certaines expéditions
Aujourd'hui, lundi 21 avril, certains guides népalais et agences d'alpinisme ont annulé leurs expéditions sur les pentes de l'Everest, en même temps que les sherpas envisagent de suspendre leur participation aux ascensions du plus haut sommet du monde, pour protester contre leurs revenus trop bas par rapport aux risques qu'ils doivent prendre. Ces annulations auront sans doute un impact sur l'économie du Népal, qui repose largement sur le tourisme.
L'agence d'alpinisme américaine Alpine Ascents International, qui a perdu quatre sherpas dans l'accident et était sans nouvelle d'un cinquième, a décidé ce jour d'annuler son expédition, « Nous avons perdu cinq membres de notre équipe. Par respect pour eux, nous ne poursuivrons pas notre expédition », a dit Lakpa Rita Sherpa, le chef de ses sherpas, qui a gravi 17 fois l'Everest. « Cela a été l'un des jours les plus sombres et tous ceux qui sont morts sont des sherpas, aussi, la plupart des autres guides ne veulent pas continuer ». Discovery Channel, une autre agence américaine, a également annulé son expédition après la perte de son équipe de sherpas. Plusieurs équipes toujours stationnées au camp de base réfléchissent encore à la suite à donner à leurs expéditions, mais nombre d'entre elles sont anéanties par la perte de ces treize hommes.
Ang Tshering Sherpa, président de l'Association d'Alpinisme du Népal, a indiqué que les sherpas voulaient que le gouvernement mette en place un fonds de soutien pour les guides et leurs familles : « Il ne s'agit pas de mettre fin aux expéditions, mais leurs demandes doivent être satisfaites ». Certains sherpas sont en colère contre la proposition du gouvernement de verser 40 000 roupies (400 dollars, ou moins de 300 euros) pour les dépenses d'inhumation des victimes, jugeant qu'il s'agit d'un manque de respect.
Les sherpas, du nom d'un groupe ethnique connu pour son aptitude aux métiers de la montagne, gagnent entre 3 000 et 6 000 dollars (2 100 et 4 200 euros) par saison. Les assurances-vie atteignent au maximum 10 000 dollars (7 200 euros).
Amélioration des mesures de sécurité
Le gouvernement népalais a accordé 734 permis pour escalader l'Everest cet été, dont 400 pour les guides. Afin de réduire les risques dûs à la massification et à l'encombrement des voies, ils ont annoncé un projet de doublement du nombre de cordes d'escalade sur les murs de glace menant au sommet de l'Everest, à 8 848 m d'altitude.
Suite à une bagarre l'an dernier entre des sherpas et des alpinistes européens, le gouvernement a aussi décidé de poster des soldats et des policiers au camp de base depuis ce mois d'avril, pour pouvoir signaler tout problème ou toute incidence.
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