Fin de l'expédition 2015: Alex Txikon et ses compagnons sont arrivés à 150 mètres du sommet du Nanga Parbat mais ont été obligés de redescendre

Une erreur d'orientation, puis une grave crise de mal des montagnes d'Ali Sadpara oblige l'équipe à redescendre au camp de base. Il semble que les alpinistes aient atteint la cote la plus haute (8.000 mètres) sur les 22 expéditions ayant tentées ce sommet en hiver.

Résumé de la dernière tentative de cette expédition hivernale 2015 sur le Nanga Parbat, par Igone Mariezkurrena, depuis le camp de base:

Après avoir atteint le Camp 4 (7.200 m) le jour d'avant, les 3 alpinistes (le Basque Alex txikon, le Paskitanais Ali Sadpara et l'Italien Danielle Nardi) sont partis à 2h00 du matin (heure locale) le vendredi 13 mars vers le sommet, avec un froid extrême (-30º C) mais peu de vent et un ciel découvert. Les conditions de la neige était bonne et la pente jusqu'au sommet, avec un inclinaison de 30º, ne présentait pas de difficultés techniques. Seuls les efforts fournis les jours d'avant, le manque de sommeil, la température extrême et le manque d'oxygène pouvaient être un frein à la réussite du projet.

Les 3 alpinistes étaient à (approximativement) 150 mètres sou le sommet du Nanga Parbat

Les 5 personnes au camp de base étaient exultantes, car les alpinistes semblaient en forme et motivés. En effet, à 7h30 a.m, heure locale : « Je ne sais pas si vous pouvez nous voir mais nous sommes à peu près à 8.000 mètres ». En effet, avec les jumelles, nous constatons qu'ils avancent en diagonale vers l'Est, à une altitude très supérieure à celle prévue pour cette heure-là. Tout paraissait possible.

Cependant, 20 minutes plus tard, nouvel appel sur radio d'Alex Txikon : « Nous nous sommes trompés. De nuit et dans l'obscurité, nous avons dépassé le couloir vers le sommet. Nous sommes à 8.000 mètres, mais à un endroit rocheux où il est impossible de monter plus haut. Nous n'avons pas de marge de temps, ni de forces pour retourner en arrière et rectifier ». Ils ont donc décidé de revenir au camp 4, où ils sont arrivés une heure et demi après. Ils se sont reposés et se sont hydratés afin de repartir le matin suivant. Ils allaient utiliser la même stratégie : sortie à 2h00 du matin (22h00 en Europe) : « Il est impossible de partir avant : le froid est trop insupportable ». La météo semblait de leur côté, car la journée s'annonçait ensoleillée et, ce qui est plus important, avec peu de vent.

Le Nanga Parbat depuis le Camp de Base: l'aurore approche mais la lune est encore là

Cependant, a 08h30 le matin suivant, l'alarme était donnée : Alex Txikon annonçait par radio : « Nous avons un gros problème, nous devons descendre Ali le plus rapidement possible, pour qu'il perde de l'altitude. Il ne vocalise pas, dit des choses incompréhensibles et a de graves problèmes coordination corporelle; c'est très mauvais signe ».

La descente avec un membre de l'équipe gravement malade :

Chargé avec de la nourriture, une tente et des médicaments, Muhammad Kan (le quatrième membre de l'expédition qui avait abandonné et était arrivé au camp de base la veille), repartait immédiatement vers le Camp 2, où Txikon et Nardi allaient essayer de ramener Ali.

Muhammad Kan, à son arrivée au camp de base, la veille

À 7.200 mètres d'altitude, les alpinistes chargent rapidement les sacs à dos avec l'essentiel et se pressent de commencer la descente. « Il est capable de marcher seul mais très gauchement et lentement. » La dernière zone entre le C4 et le C3 (6.700m) a été très compliquée : «  Ce sont des longueurs que nous n'avons pas équipées à la montée et qui sont très dangereuses dans ces conditions. Ali dérape continuellement. »

Nous avons tous soufflé quand ils sont arrivés aux cordes fixes. Même s'ils devaient encore descendre la petite plaine de glace vive au dessus du mur Kinshoffer et le mur lui-même, ce qui demande une grande concentration, le plus dur était fait.

A 14h00, heure locale, Alex Txikon confirmait qu'ils étaient arrivés tous les trois au Camp 2 , et qu'Ali semblait aller mieux : « Il a parlé avec Muhammad Kan par radio et il s'est mis a pleurer, ce qui nous fait penser qu'il est conscient de sa situation, ce qui est bon signe. »

Après s'être un peu reposé, ils ont vu qu'Ali était capable de faire un dernier effort jusqu'au Camp 1, et ont donc commencé à descendre dans le couloir, où il ont été rejoint par Muhammad Kan. Ils sont arrivés tous les quatre au Camp 1 vers 17h00. « Nous l'avons vu très fatigué hier, mais nous ne nous sommes pas rendu compte qu'il avait un problème jusqu'à ce matin, quand il a essayé de mettre un gant sur son pied, et une chaussette sur sa main. Nous lui avons demandé son âge et combien d'enfant il a, et il a été incapable de répondre. Il a fait quelques bruits étranges cette nuit, mais je n'ai pas pensé que cela pouvait être lié à ça.» L'important c'est qu'Ali Sadpara semble maintenant hors de danger et se remet lentement au Camp de base.

Txikon et Nardi, ainsi que les occupant du Camp de Base se demandent pourquoi Ali ne les a pas prévenu qu'il se sentait mal, et comprennent à présent son comportement étrange d'hier, quand ils étaient si près du but : « Nous lui faisions totalement confiance pour cette attaque du sommet, car il y ait allé déjà deux fois. Cependant il semblait désorienté, comme s'il avait peur, et il nous a annoncé soudain que nous nous étions trompé de route et que nous devions rentrer au C4. » Aucun des trois ne comprend à présent comment ils ont décidé de faire demi-tour si près du but. Certainement la fatigue extrême ne leur a pas permis de penser clairement.

Conclusion de l'expédition 2015 :

Le Nanga Parbat étant l'une des montagne les plus dangereuses de la planète (certains l'appelle « l'Ogre » en raison du pourcentage très élevé de victimes qu'elle fait chaque année parmi les expédition qui tentent son ascension), nous sommes très heureux que cette expédition se termine sans incident majeur.

Les alpinistes de gauche à droite, Muhammad Kan, Ali Sadpara, Alex Txikon et Danielle Nardi

Pour le moment, le plus important reste la santé d'Ali, qui s'améliore rapidement malgré les terribles maux de têtes et les saignement de nez: « Grâce au beau temps qui nous a permis de descendre rapidement et parce que c'est un gars très fort physiquement et mentalement... »

Barrabes a sponsorisé cette expédition, et nous sommes très fier de sa réalisation par Alex Txikon et les alpinistes pakistanais Ali Sadpara, Muhammad Kan et l'italien Danielle Nardi. L'effort réalisé a été incroyable, après 3 mois sur la montagne et 6 jours d'ouverture avec de la neige au dessus du genoux, chargés avec des sacs de 25 Kg, des températures inférieures à -30ºC et l'impitoyable vent du Karakorum en hiver, qui les a empêchés de dormir, car ils devaient tenir les piquets de la tente durant toute la nuit pour éviter qu'elle ne s'envole...

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