Le Pic d’Anéto. Guide pratique de l’ascension depuis les flancs nord et sud

Vous trouverez au cours de cet article toutes les informations qui vous seront utiles si vous souhaitez entreprendre les routes d’ascension au Pic d’Anéto, en plus de quelques consignes de sécurité et des conseils sur le matériel à prévoir.

Glacier et sommet du Pic d’Anéto depuis les Portillons. Photo: Chemary Carrera, Maspirineo

Le Pic d’Anéto : un rêve

A plus de 3404 mètres d’altitude, le Pic d’Anéto est le le plus haut sommet des Pyrénées. Pouvoir atteindre ce sommet au moins une fois dans sa vie, est un rêve partagé par tous les fans des Pyrénées. Mais ils ne sont pas les seuls concernés : ce pic attire également les non-initiés aux joies de la montagne.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est malheureusement fréquent de retrouver des personnes rencontrant des problèmes au moment de gravir le sommet. En effet, sans une préparation et le matériel adéquats, la situation peut se compliquer et nous mettre en danger.

Cet article a deux objectifs fondamentaux :

  • Expliquer étape par étape les deux itinéraires couramment employés : types de terrain, horaires...etc.
  • Évoquer les difficultés, le niveau d’exigence physique et les éléments relatifs à la sécurité pour ces deux ascensions.

Ainsi, toutes les personnes, même celles qui ne sont pas expérimentées, souhaitant atteindre le Pic d’Anéto, auront un aperçu de ce qui les attend. Ils pourront donc se préparer en conséquence.

  • Nous devons prendre en compte notre forme physique et nous préparer suffisamment. La fatigue extrême que nous pouvons ressentir en réalisant des gestes au dessus de nos forces peuvent provoquer des lésions voire des accidents sur les tronçons plus compliqués.
  • Si votre bagage technique est déficient, ou avez une expérience ou une notion de sécurité limitées, vous devrez faire appel au service d’un guide et vous former par avance.

Un guide pourra nous enseigner sur la manière d’effectuer une auto-détention avec le piolet par exemple, ou nous conseillera sur la meilleure manière d’appréhender une route. En plus de vous transmettre sa passion pour la montagne, il sera garant de votre sécurité pendant l’ascension et la descente, notamment en prenant toutes les décisions relatives à la sécurité, à l’itinéraire ou encore à l’horaire.

Dans cet article, il sera question de deux routes classiques pour atteindre le Pic d’Anéto. Il existe un grand nombre de voies d’escalade pour accéder aux massifs qui ne sont réservés qu’aux alpinistes et grimpeurs de haut niveau et disposant d’une grande expérience en montagne.

L’Anéto en toute sécurité

L’article (en espagnol) est écrit par Chemary Carrera, guide de Haute montagne et propriétaire de la compagnie de guides et de ski de Maspirineo. Chemary est originaire de la Vallée de Benasque. Il y a vécu depuis qu’il est né. Son expérience et ses connaissances de ces montagnes n’a d’égal que sa passion.
Chemary Carrera, juste avant le sommet de l’Anéto. Photo: Maspirineo
Chemary Carrera, juste avant le sommet de l’Anéto. Photo: Maspirineo
Il guide chaque année plusieurs personnes jusqu’à atteindre le Pic d’Anéto. Mais ce n’est pas tout : il collabore également aux campagnes de Montagne et Anéto en sécurité, en donnant quelques conférences sur la manière d’appréhender l’ascension du sommet des Pyrénées.

Cet article s’inscrit dans cette ligne de divulgation et de sécurité. C’est cette sécurité qui nous permettra de profiter pleinement d’une expérience inoubliable.

Structure de l’article

L’ordre dans lequel apparaîtront les paragraphes n’est pas anodin.

Il sera tout d’abord question des différents accès que vous pourrez emprunter pour commencer l’ascension. Leur importance est fondamentale pour savoir comment affronter la longue journée de marche qui nous attend.

Après avoir évoqué les horaires d’ascension et de descente, il sera question des thèmes de sécurité qui émanent de ce type d’ascension.

Nous expliquerons par la suite la route des deux versants, leurs difficultés, leurs cols. Vous comprendrez alors les conseils qui vous seront donnés sur le matériel à choisir.

GUIDE D’ASCENSION AU PIC D’ANÉTO PAR LA BESURTA/RENCLUSE ET PAR BALLIBIERNA

Le parcours par le sud est marqué par l’absence de refuge. L’approche est donc une option presque incontournable.

Mais si l’on passe par le versant nord, nous pourront passer la nuit au refuge de la Rencluse.

Le refuge de la Rencluse, l’histoire vivante des Pyrénées. Photo : R.de la Rencluse
Le refuge de la Rencluse, l’histoire vivante des Pyrénées. Photo : R.de la Rencluse
Dans ce cas, la route sera plus courte de 50 minutes, en plus d’économiser du temps de l’approche par le bus. De cette manière, nous pourrons partir vers les sommets plus tôt, ce qui n’est pas à négliger.

Le nombre de places du refuge étant limité, nous présenterons l’ascension seulement depuis La Besurta. Nous vous recommandons de toujours vérifier en avance s’il y a de la place au niveau du refuge. Si tel est le cas, vous devez vous y rendre le jour précédent l’ascension.

N’oubliez pas que ce refuge, centenaire, est un monument des Pyrénées. Y passer une nuit est un rite presque obligatoire avant ou après l’ascension pour les puristes.

L’accès

Du 1er juillet au 15 septembre, les pistes d’accès à la base de l’Anéto, aussi bien côté nord que sud, reste fermées à la circulation. Au cours de cette période, un service de transport de bus est assuré et organisé par la mairie de de Benasque. Vous trouverez ici toutes les informations complètes sur les tarifs et les horaires.

Comme nous le verrons plus tard, en raison du long moment que nous devrons consacrer à l’ascension, il est fortement conseiller de choisir attentivement un horaire adéquat.

1. L’approche par le nord : le bus de la Besurta

Si nous laissons la voiture à Benasque, le premier bus sort à 4:30 du matin. C’est celui que nous devrons prendre obligatoirement. Le deuxième, qui part à 7:30 peut nous empêcher de réaliser l’ascension en toute sécurité.
Chemin d’accès à la Besurta. Photo: Barrabes
Chemin d’accès à la Besurta. Photo: Barrabes
S’il nous est impossible de prendre ce bus, nous devrons y aller en voiture et la garer au Vado del Hospital, juste avant la barrière qui ferme le passage. A partir de là, le premier bus qui part est à 5:00 du matin et il faudra à tout prix le prendre. A partir de ce bus, il en passera un autre toutes les 35 minutes pour la Besurta. L’heure maximale à laquelle nous devrons prendre ce bus est à 6:10 du matin.

Les trois derniers bus de retour à Benasque quitte la Besurta à 17:00, 19:00 et 21:00. De la Besurta jusqu’au Vado del Hospital, il y a un autobus toutes les 35 minutes de 8:00 du matin à 20:30.

2. L’approche par le sud. Le bus de Ballibierna

La logistique impliquée de ce côté est plus complexe car le dernier autobus qui descend depuis le refuge des Pescadores de Coronas part à 18:30. Si on le rate, il nous restera 12 kilomètres à parcourir jusqu’à Senarta, puis quelques kilomètres de route supplémentaires jusqu’au village.
Zone d’arrivée et début de l’ascension, avec les Pics de Ballibierna en arrière-plan. Photo: Barrabes
Zone d’arrivée et début de l’ascension, avec les Pics de Ballibierna en arrière-plan. Photo: Barrabes

Horaires de l’ascension au Pic d’Anéto : les points de référence

Nous devons tenter de prendre les premiers bus, pour les raisons de sécurité que nous verrons plus tard. De même, entre l’ascension et la descente, il faut en moyenne compter entre 10 et 12 heures. Mais ce délai est indicatif et peut s’allonger.

Ces indications horaires viennent du méthode MIDE. Il s’agit d’un système que nous vous recommandons chaleureusement de consulter sur le site Montañas Seguras, et dont les données sont approuvées par la Fédération Aragonaise de Montagne, la Fédération Espagnole de Montagne et l’institut de Sécurité Civile, entre autres.

C’est l’horaire que vous pourrez retrouver sur les brochures proposées avant d’initier les différents parcours.

Le système MIDE évalue de manière rigoureuse la difficulté d’un parcours pour un montagnard de niveau intermédiaire, en forme physiquement et disposant de suffisamment d’expérience pour entreprendre la route.

  • Horaire
  • Difficulté que suppose l’environnement
  • Orientation de l’itinéraire
  • Difficulté dans les déplacements
  • Quantité d’effort nécessaire
  • Dénivelé de l’ascension/li>
  • Dénivelé de descente
  • Distance horizontale
  • Présence de neige
  • Types de trajets

Il s’agit d’un système extraordinaire car il permet d’obtenir un condensé d’informations sur une route en particulier et vous pourrez ainsi comparer une route avec une autre. En ce qui concerne l’horaire, nous évoquerons par la suite celui qui est suivi para la grande majorité de montagnards et de montagnardes moyens, disposant d’une expérience en montagne et en forme physiquement.

Versant nord de l’Anéto. Au centre, à droite du sommet, le Collado de Coronas. Photo: Barrabes
Versant nord de l’Anéto. Au centre, à droite du sommet, le Collado de Coronas. Photo: Barrabes

1. Versant nord, points de référence

  • Besurta - Départ
  • De Besurta- Refuge de la Recluse: 50 minutes
  • Du Refuge de la Recluse- Portillon Inférieur: 1:45 heures
  • Du Portillon Inférieur- Portillon Supérieur: 30 minutes
  • Du Portillon Supérieur - Collado de Coronas: 1:45 heures
  • Du Collado de Coronas- abords du Pic d’Anéto: 40 minutes
  • Pas de Mahommet – sommet du Pas de Mahommet: 20 minutes
  • Abords du Pic d’Anéto- Besurta: 3:40-4:00 heures.

9 heures au total, sans compter la durée des repos. Il faut également ajouter le moment où l’on reste au sommet, les arrêts pour manger et s’hydrater, les moments photo, la phase d’appréhension du glacier… etc. Le tout devrait durer approximativement entre 10 et 12 heures.

Versant sud de l’Anéto, au milieu, à gauche du sommet, le Collado de Coronas. Photo: Barrabes
Versant sud de l’Anéto, au milieu, à gauche du sommet, le Collado de Coronas. Photo: Barrabes

2. Versant sud, points de référence

  • Refuge des Pescadores: Départ
  • Ibonet de Coronas: 50 minutes
  • Ibonet- Ibon Baixo de Coronas: 1:10 heures
  • Ibon Baixo- Ibon Alto de Coronas: 30 minutes
  • Ibon Alto de Coronas- Collado de Coronas: 35 minutes
  • On rejoint l’autre route du versant nord jusqu’au sommet: 1 heure
  • Descente: 3:30-3:45 heures

Sans pause, ce parcours représenterait environ 8:30-9 heures. A nouveau, si l’on ajoute les pauses pour manger, s’hydrater, profiter du sommet, les photos, la préparation pour le glacier, cela prendrait 10-11 heures.

Vous comprendrez donc pourquoi il est important de prendre le premier bus. Sinon, nous n’arriverons pas à temps pour prendre le dernier bus pour le retour. Imaginez avoir à parcourir 12 kilomètres, après une journée d’ascension éreintante.

La sécurité

1. Une journée très longue

Que vous choisissiez un versant ou l’autre, c’est une longue journée qui vous attend. C’est pourquoi, il faut garder en mémoire les repères donnés précédemment : si vous voyez que vous allez être juste, le plus sensé serait d’envisager le retour.

Nous avons déjà évoqué le fait que la méthode MIDE est valable pour un pratiquant de niveau intermédiaire. Il n’est cependant pas rare que le délai de parcours des groupes de ce niveau soit plus long, à cause notamment de la fatigue accumulée. C’est pourquoi il est au combien important de se lever tôt. Dans le cas contraire, nous disposerions de peu de marge d’action si l’on devait faire face à un imprévu. Nous bénéficierons de peu d’heures de la lumière du jour pour organiser un éventuel sauvetage par exemple.

En règle général, si le temps est respecté lors de la première partie, c’est à dire l’ascension, il est très probable que le temps soit également respecté lors de la phase de la descente. Si l’ascension venait à être plus longue que prévu, la descente se ferait longue avec en plus la fatigue accumulée. L’expédition durerait environ 14-15 heures. A notre avis, si vous commencez le périple à 6 heures du matin, vous devriez le terminer vers 8 heures du soir. Un incident, un imprévu peut nous retarder jusqu’à l’apparition de la nuit, avec les risques que cela suppose.

Si vous vous rendez compte que vous allez juste au niveau du temps, si vous passez les points de contrôle avec du retard, vous courrez le risque d’en accumuler. A partir de ce constat, il serait préférable de songer au retour. Ces signes démontrent que notre état de forme ou notre technique n’est pas optimal, ou que notre corps n’affiche pas son rendement idéal au cours de cette journée.

En vous levant aux aurores, vous pourrez commencer l’ascension pendant le lever du soleil. Photo: Chemary Carrera
En vous levant aux aurores, vous pourrez commencer l’ascension pendant le lever du soleil. Photo: Chemary Carrera
Si l’on produit un excès d’effort un jour pour le problème que ce soit, nous nous épuiserons plus qu’à l’accoutumé. Nous n’aurons de cesse de vous rappeler qu’en commençant la journée plus tard, la marge de manœuvre que vous aurez en cas d’incident, sera amoindrie.

C’est pourquoi, il est judicieux de faire des changements de plan. Il est possible de revoir à la baisse les objectifs fixés et n’atteindre qu’un point de passage. Cette éventuelle décision ne doit pas pour autant être considérée comme un échec. Bien au contraire, il s’agira d’un test au cours duquel vous aurez accumulé de l’expérience.

Rassurez-vous, l’Anéto ne va pas disparaître du jour au lendemain. Vous aurez l’occasion d’y retourner, et cette fois, ce sera en terrain connu avec vos points de repère.

2. L’importance de partir en groupe

Il ne faut pas partir tout seul mais en groupe. Ce dernier doit fonctionner comme une équipe. Il se peut que tout se passe bien pour nous mais pas pour l’un des membres. Nous devons toujours aller au même rythme que la personne la moins expérimentée et ne laisser personne derrière. Nous sommes en haute montagne et de nombreux dangers existent.
Un groupe en montagne est une équipe qui partage et veille toujours au bien commun. Photo: Maspirineo
Un groupe en montagne est une équipe qui partage et veille toujours au bien commun. Photo: Maspirineo
En groupe, on monte et on descend tous ensemble. Les décisions sont toujours prises en fonction de l’état de forme de la personne moins expérimentée.

3. L’expérience, la technique et la forme physique

Vous ne devrez jamais entreprendre une ascension en montagne si vous ne disposez pas de l’expérience en montagne, de la forme physique nécessaire ou des connaissances techniques obligatoires.

En l’absence d’expérience, nous ne pourrons pas savoir si nous serons capables d’affronter l’ascension. Il se peut que notre forme physique soit optimale mais que nous n’ayons justement pas l’habitude de parcourir la montagne. Dans ce cas, il vaudrait mieux effectuer un test au préalable. Vous pouvez par exemple envisager de gravir la montagne la plus basse et la plus simple de la vallée quelques jours auparavant. Un dénivelé de 700-800 mètre nous permettrait d’avoir une idée de la difficulté et de nous familiariser avec la montagne.

Il faut le dire, si vous n’êtes pas suffisamment habitué, vous pouvez songer à prendre un guide, qui vous apportera ses conseils, vous formera et vous dira comment vous préparer au préalable.

4. Engagez un guide !!

Essayez de répondre à ces question en toute honnêteté :

  • Êtes-vous réellement prêt à monter (et descendre) un dénivelé de 1500 mètres ?
  • Êtes-vous habitué à parcourir des terrains en haute montagne ?
  • Êtes-vous capables de prendre des décisions pertinentes en haute montagne : météo, route, capacité de discerner le moment correct pour le retour, évaluer les risques… ?
  • Avez-vous toutes les connaissances techniques adéquates et êtes-vous capable d’utiliser le matériel technique nécessaire ?

Si la réponse à la première question est négative et que l’on ne dispose pas de la forme nécessaire pour affronter une excursion comme celle de l’Anéto, même si cela ne dure qu’une journée, nous devons nous entraîner en premier lieu.

Si en plus les réponses aux autres questions sont globalement négatives, ce n’est pas la peine de tergiverser plus longtemps : engagez un guide certifié !

Un guide garantit notre sécurité et prendra les décisions nécessaires. Photo: Maspirineo
Un guide garantit notre sécurité et prendra les décisions nécessaires. Photo: Maspirineo
Il ou elle vous enseignera des techniques telles que le cramponnage ou l’auto-détention. Il vous donnera ses conseils, vous assurera dans les zones les plus exposées. De même, il assumera toutes les décisions relatives à l’itinéraire à emprunter, la météo, l’horaire et tout type d’imprévus. Dans la vallée, vous trouverez différentes agences de guides certifiés. Toutes vous offriront un excellent service.

5. La météo

Un des sujets qui créé des débats en montagne est celui de la météo. S’il s’agit d’un facteur important pour tous les types d’excursions, elle l’est plus pour le jour de l’ascension.

Un mauvais temps peut bien compliquer les choses en montagne, même en été. Par exemple, si le vent du nord se lève pendant une journée ensoleillée en juillet, sur une crête, la sensation thermique peut être de 0 degré. Que dire s’il y a une tempête ? Au dessus de 3000 mètres d’altitude, on peut très bien être surpris par l’apparition de la pluie voire de la neige en août.

Voici un exemple : après une chute de neige produite la veille au soir, ceux qui sont partis conquérir le Pic d’Anéto aujourd’hui, 24 juin, ont dû ouvrir le chemin par 30 centimètres de neige à 2700m. Le niveau était de 10 cm déjà à 2400m. Que se serait-il passé si un groupe s’y était aventuré sans l’équipement adéquat la veille ?

Le 24 juin, 30cm de neige à l’Anéto. Photo: Chemary Carrera, Maspirineo
Le 24 juin, 30cm de neige à l’Anéto. Photo: Chemary Carrera, Maspirineo
Les nuages par ailleurs « s’immiscent » en montagne et nous enveloppent. C’est ainsi que notre visibilité se retrouve réduite, affectant notre orientation, surtout dans les endroits ou les itinéraires ne sont pas marqués.
Le mauvais temps réduit la visibilité en montagne. Photo: Maspirineo
Le mauvais temps réduit la visibilité en montagne. Photo: Maspirineo
Afin d’éviter ces problème, une planification rigoureuse est fondamentale. Nous devons toujours consulter les derniers bulletins météo, le plus fiable étant celui de la veille de l’excursion. Néanmoins, nous ne devons pas seulement nous contenter de regarder les prévisions générales. Il convient également de rechercher celles de la zone de l’excursion. Différentes applications telles que meteoblue nous aidera. Les bulletins de l’AEMET (traduisible comme Agence d’État espagnole de la Météorologie) sont à recommander également.

Nous pouvons aussi consulter la météo au village ou le refuge dans lequel nous nous trouvons. Les informations seront encore plus détaillées.

Une fois que l’on aura engrangé l’expérience suffisante, nous pourrons prendre les décisions de notre propre chef pendant le jour de l’excursion.

La formation de tempête ou d’orage est fréquente dans les Pyrénées pendant le mois d’août. Elle se fait pendant la journée : la chaleur s’accumule au fond de la vallée y finit par monter pour rencontrer l’air froid. Les bulletins météorologiques nous auront en général prévenus. Nous pouvons également le voir si ces tempêtes se forment tout au long de notre excursion. De là, nous pourrons envisager un retour si le temps se gâte.

En général, les orages se forment pendant l’après-midi. Autre raison pour laquelle nous devrons nous lever tôt.

LES ITINÉRAIRES NORMAUX D’ASCENSION ET DE DESCENTE DE L’ANÉTO

Rappelez-vous qu’il s’agit d’une route en haute montage. Il n’y aura pas de signalisation. Les points de référence sont absents mis à part quelques marques réalisées avec des pierres empilées les unes sur les autres.

Cela ne fait qu’augmenter la difficulté : certaines parties devant être escaladées, présence d’un glacier avec de la neige, des zones exposées et vertigineuses, des terrains abruptes, entre autres.

C’est pourquoi, la vitesse peut considérablement être plus lente que la vitesse que l’on aurait en suivant une route classique ou un sentier.

Puisqu’il n’y aucun sentier ou indications et que l’on devra choisir notre route en nous basant sur notre jugement, nous devons avoir l’expérience nécessaire en montagne pour trouver le meilleur itinéraire.

1. La route classique par le versant nord

Besurta - Le Portillon inférieur

Sur la route normale du versant nord, le petit sentier disparaît petit à petit après avoir passé le refuge de la Rencluse. L’ascension jusqu’au Portillon inférieur devra être fait à travers une zone caractérisée par la présence de carrières. Selon l’itinéraire choisi, on trouvera sur notre chemin des pierres volumineuses ou plus petites, rendant le parcours plus difficile ou plus simple.
Zone de pierres entre le Portillon inférieur et le supérieur. Photo: Maspirineo
Zone de pierres entre le Portillon inférieur et le supérieur. Photo: Maspirineo

Portillon inférieur – Portillon supérieur

On trouvera toujours des pierres sur notre chemin mais la zone se fait tranquillement. Une fois arrivés au niveau du Portillon Nord, on pourra déjà apercevoir le Pic d’Anéto avec son glacier et le chemin final à parcourir.

C’est un moment pour le moins émouvant, puisque c’est la première fois que l’on peut contempler la zone la plus haute de cette montagne.

Pour la première fois depuis le Portillon, le sommet de l’Anéto et son glacier peuvent être vus. Photo: Maspirineo
Pour la première fois depuis le Portillon, le sommet de l’Anéto et son glacier peuvent être vus. Photo: Maspirineo

Portillon supérieur - Glacier

Normalement le passage du Portillon supérieur au glacier devrait se faire sans neige, à moins que ce ne soit le début de l’été ou que l’hiver précédent ait été particulièrement neigeux. Paradoxalement, la présence de la neige nous facilitera le chemin.
Sol couvert de neige dans la phase d’approche depuis le Portillon. Photo: Maspirineo
Sol couvert de neige dans la phase d’approche depuis le Portillon. Photo: Maspirineo
Si le sol est dépourvu de neige, il faudra redoubler de prudence. Il y a encore quelques années, cette zone contenait des restes du glacier. Ce dernier a reculé et toute cette partie est constituée de pierres qui restent instables.

Le Glacier de l’Anéto

Une fois le Glacier atteint, nous pouvons faire face à deux cas de figure :

  • 1. Il peut être couvert de neige. C’est très fréquent jusque la saison avancée, voire même tout au long de l’année.
  • 2. La glace du Glacier peut être exposée. Cela arrive en fin de saison ou, lorsqu’il a moins neigé cette année.

Dans le premier cas, la situation est plus commode. Les crampons s’incruste bien à la neige et nous transmet plus de sécurité et de confiance.

Glacier de l’Anéto avec de la neige. Photo: Maspirineo
Glacier de l’Anéto avec de la neige. Photo: Maspirineo
Dans le second cas, si la glace est à découvert (une glace ancienne, gris foncé en général). la situation est un peu plus délicate. Les crampons ne peuvent s’enfoncer que d’à peine 1 millimètre. Il faut rester vigilant et prévaloir d’une bonne technique avec les crampons, afin de pouvoir les utiliser correctement et éviter les accidents.
Glacier d’Anéto avec de la glace sombre. Photo: Maspirineo
Glacier d’Anéto avec de la glace sombre. Photo: Maspirineo
Si il y avait de la neige à la place, et qui plus est avec un chemin préalablement tracé, nous pourrions avancer facilement. Avec la glace du glacier seulement, notre pied devra s’adapter au terrain à chaque pas. Une bonne technique est primordiale afin d’éviter les chutes ou de trop forcer les chevilles.

Il est toujours judicieux d’avoir un piolet à la main et un bâton dans l’autre et bien entendu maîtriser les techniques au piolet et d’auto-détention.

Tout au long de cette partie, nous devons faire particulièrement attention aux chutes de pierres. Le glacier est jonché de pierres qui sont tombées des crêtes juste au dessus. Si il fait chaud et si il est un peu tard déjà, le permafrost et la glace qui retiennent ces pierres, fonderont quelque peu et les libéreront.

De nombreuses roches provenant des crêtes du glacier venant d’un éboulement. Photo: Maspirineo
De nombreuses roches provenant des crêtes du glacier venant d’un éboulement . Photo: Maspirineo
15 minutes avant d’atteindre les abords du Pic d’Anéto, vous aurez passé le glacier et, en cas d’absence de neige, pourrez enlever les crampons. Nous ne devons pas pour autant baisser la garde. Rappelez-vous que nous sommes à 3400 mètres d’altitude et que la fatigue se fait déjà sentir.
On y est presque. Sur votre droite, le versant nord, sur votre gauche, le versant sud de l’Anéto. Photo: Maspirineo
On y est presque. Sur votre droite, le versant nord, sur votre gauche, le versant sud de l’Anéto. Photo: Maspirineo

Le passage du Pas de Mahomet - Sommet

Le Pas de Mahomet est en fait une crête de quelques 35 mètres, d’une difficulté technique abordable (à peine I-IIº) et avec de très bonnes prises. Cependant, nous sommes plus exposés aux chutes d’un côté comme de l’autre à certains endroits. Le passage nous demande beaucoup de concentration. Nous devons rechercher les bonnes prises de main et de bons appuis au niveau des pieds. Vous serez mieux positionnés et sûrs avant chaque mouvement et au moment d’affronter les sensations de vertige.
Le Pas de Mahomet. Photo: Maspirineo
Le Pas de Mahomet. Photo: Maspirineo
Autre élément à prendre en compte : vous aurez déjà accumulé plusieurs heures d’ascension. Ceux qui ne sont pas habitués au vide ou sont enclins à sentir la fatigue due à l’altitude, devront reconsidérer le choix de parcourir le Pas de Mahomet. La différence d’altitude par rapport au sommet est de 7 ou 8 mètres, cela vaut-il vraiment le coup si nous sommes exténués ? Surtout qu’il faudra y passer par deux fois : pour monter jusqu’au sommet et descendre ensuite.

2. La route classique sud de l’Anéto

Jusque l’Ibonet de Coronas

Le début de l’ascension depuis le Refuge de Pescadores est plus facile et commode que par rapport au flanc nord. En fait, le chemin jusque l’Ibonet de Coronas se fait en partie entre les forêts de pins noirs. Ce sont environ 50 minutes à parcourir sur un sentier.

Ibonet - Ibon Baixo de Coronas – Ibon Alto de Coronas – Collado de Coronas

A partir de l’Ibon Baixo, l’itinéraire n’est plus marqué et reste aléatoire. Une fois que nous sommes arrivés à l’Ibon Alto, on entre dans une moraine (débris de roches entraînés par un glacier et formant un grand amas). Cette moraine est assez inclinée, constituée de pierres fines et de sable. Nous aurons par conséquent la sensation de patiner ou de glisser de temps à autre.
Ibon Alto de Coronas. En haut, à droite, Collado de Coronas. Photo: Barrabes
Ibon Alto de Coronas. En haut, à droite, Collado de Coronas. Photo: Barrabes
Il est normal qu'avant d'atteindre la dernière ascension rocheuse du col des Coronas, nous trouvions un tronçon enneigé plus ou moins important qui nous oblige à chausser des crampons.

L’ascension finale se fait par une succession de blocs de pierres, qui, sans être difficile, requerra toute notre attention au moment de placer nos mains et nos pieds.

Ascension par le sud vue d’en haut. En bas, l’Ibon alto de Coronas. Photo: Maspirineo
Ascension par le sud vue d’en haut. En bas, l’Ibon Alto de Coronas. Photo: Maspirineo

Collado de Coronas – Sommet

C’est au Col de Coronas que nous rejoignons la route du flanc nord. Il sera nécessaire de mettre les crampons une fois arrivé au col.

Franchir le glacier, qui est légèrement incliné, durera approximativement 30 minutes. Ceux qui seront venus du côté nord auront un avantage. Ils auront déjà traversé une bonne partie du glacier et se seront progressivement habitués.

Le moment tant attendu : au sommet du Pic d’Anéto. Photo: Maspirineo
Le moment tant attendu : au sommet du Pic d’Anéto. Photo: Maspirineo

Le matériel obligatoire pour atteindre le Pic d’Anéto en toute sécurité

Nous avons choisi de présenter le matériel à prévoir juste après vous avoir expliqué les étapes de l’ascension. De cette manière, vous pourrez mieux comprendre l’importance de ces articles.

1. Les vêtements chauds et imperméables

Ils doivent toujours se trouver dans le sac à dos, même si vous partez par temps chaud.

Lorsque vous effectuez une ascension en montagne, la température peut changer très rapidement. Le vent du nord, l’apparition soudaine d’une tempête en altitude peut faire changer la donne et baisser la sensation thermique jusqu’à atteindre zéro degré.

Il faut donc toujours veiller à avoir un vêtement imperméable-respirant (sans rembourrage) et une seconde couche (polaire garni de plumes ou de fibres). Si vous êtes en été, vous pouvez choisir les versions plus légères de ces types de vêtement. Le poids sera allégé et ils pourront nous être très utiles. Si c’est possible, nous conseillons également de prévoir un pantalon imperméable, des chaussettes de rechange, une casquette pour le soleil, un bonnet ou tour de cou, un maillot manche longue, un pantalon. Les gants s’avèrent être indispensables : non seulement pour faire face au mauvais temps, mais aussi à la neige, à la glace et pour manipuler confortablement le piolet.

Il est possible de porter un t-shirt, notamment lors de la descente.

2. Les chaussures

Les chaussures semi-rigides sont toujours préconisées en montagne.

Ces chaussures sont idéales pour la haute montagne dans les Pyrénées en dehors de l’hiver. En raison de leur niveau de rigidité, ces chaussures permettent l’installation de crampons. En effet, si la chaussure était plus souple, les crampons ne tiendraient pas en place lors de la réalisation de techniques de cramponnage sur la glace.

Par ailleurs, les chaussures semi-rigides apportent la consistance suffisante à la semelle pour affronter les terrains accidentés, pour les parties à escalader..etc. Notre pied est très bien protégé par ailleurs.

Il est défendu de porter des chaussures de sport, des baskets. Si il y a beaucoup de neige, le port de guêtre est fortement recommandé.

3. Les lampes frontales

Notre périple commence tôt le matin avant le lever du soleil. Vers la fin juin, il y aura déjà un peu de lumière vers 5 heures du matin. Il est tout de même utile de porter des lampes frontales pour assurer un éclairage suffisant pendant ces moments là.

En plus, n’importe quel problème peut retarder notre retour. Si la nuit tombe en montagne, nous devons avoir un lampe pour voir et être vu si la situation exige l’intervention d’une équipe de sauvetage par exemple.

4. Le piolet

Les piolets nous servent d’appui, nous aident à nous équilibrer et pour faciliter la réalisation de la technique d’auto-détention. Pour une ascension de ce type, nous pouvons nous tourner vers un piolet classique, léger, et avec la longueur suffisante pour être utilisé comme un bâton. Les piolets les plus techniques quant à eux, ne sont pas de grande utilité pour ce type d’ascension.

Bien évidemment, il convient de savoir s’en servir et de s’être entraîné auparavant. Nous ne pouvons pas affronter la neige ou la glace sans avoir une expérience au niveau du maniement du piolet. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à en faire part à votre guide pour une possible formation !

5. Les crampons

Absolument indispensables. Combien de fois peut-on lire ces questions dans les forums : Comment sont les conditions de terrains au niveau de l’Anéto ? Est-ce qu’il faut porter des crampons ?

Il faut toujours prévoir des crampons de marche et légers. Il existe des versions à sangles et semi-automatiques qui s’adapteront aux chaussures semi-rigides.

6. Les bâtons

Un bâton, voire deux.

Pour monter, un bâton est suffisant et nous pouvons même tenir un piolet dans l’autre main lorsque vous vous trouvez sur un glacier.

Au moment de descendre, nous recommandons l’utilisation de deux bâtons. En plus de garantir notre équilibre et notre sécurité, ils nous permettront de soulager les articulations. N’oubliez pas que votre sac à dos, avec tout le matériel et les vivres que vous transportez, peut peser 8 kilos. De même, au moment de la descente, vous aurez déjà plusieurs heures de marche derrière vous et la fatigue conséquente.

7. La nourriture et l’eau

12 heures d’effort physique supposent une dépense énergétique conséquente. Vous aurez besoin de reprendre des forces régulièrement. Vous pouvez choisir entre les sandwichs, les barres énergétiques ou les gels pour les moments où vous ressentez un coup de barre.

Vous devez vous alimenter et toujours prévoir un en-cas supplémentaire au cas où.

Nous pouvons recueillir de l’eau directement depuis le glacier ou les ruisseaux que nous trouverons sur notre chemin. A ce stade, l’eau contient à peine suffisamment de sel et il faut ajouter cet apport d’une manière ou d’une autre.

Dans cet article, vous pourrez trouver différents moyens de purifier et rendre potable l’eau en montagne..

8. Comment s’orienter ?

En vous munissant des cartes de la zone et d’une boussole. Encore faut-il savoir les utiliser à bon escient. Vous pourrez également identifier les pics et sommets qui vous entoureront.

Si vous choisissez d’utiliser un GPS, faites attention aux batteries qui s’épuisent rapidement par temps froid.

9. Le matériel de protection et de secours

La trousse de soin est un élément basique et peut nous servir en cas d’apparition d’ampoules, de coupures...etc.

Les lunettes de soleil et la crème solaire. L'incidence solaire en haute montagne se multiplie à plus de cent pour cent. La neige et la glace réfléchissent la lumière du soleil, raison de plus. Mettez de la crème solaire toutes les deux heures.

Vous devez toujours prévoir une ou deux couvertures thermique : elles ne prennent pas de place et ne pèsent pas. En cas d’accident, nous pouvons maintenir au chaud notre partenaire, ou en retournant la couverture, le protéger du soleil et de la chaleur. Un téléphone portable. Nous pouvons l’utiliser pour les appels de secours. N’oubliez pas que le 112 fonctionne quelque soit le réseau admis par le téléphone.

Si vous utilisez le téléphone pour la fonction GPS ou l’appareil photo, faites très attention au niveau de la batterie. Vous pouvez prévoir une batterie de rechange. Pour une journée, nous vous conseillons d’oublier un peu votre téléphone et de surtout profiter de la montagne.

10. Dernier conseil

Des brides en plastique !!

Comment un simple objet peut nous rendre la vie facile. Si une sangle des crampons ou du sac à dos se déchire, vous pourrez utiliser les brides pour raccorder et ne pas gâcher cette si belle expérience.

Site internet: www.barrabes.com

Articles plus récents

Laissez vos commentaires

Soyez le premier à commenter cet article.