Ordures en montagne. Le refuge de La Fourche, dans le Mont-Blanc, devenu dépotoir.

On a souvent tendance à culpabiliser les “touristes” des agressions faites à la nature. Dans le milieu montagnard on assume que les grimpeurs et alpinistes sont respectueux de leur entourage. Les lieux communs cachent parfois une partie de mensonges, puisqu'on n’a qu'à faire un tour dans les falaises d'escalade ou dans quelques endroits en haute montagne pour s'apercevoir de la triste réalité. Cette fois nous avons reçu des images très désagréables et inquiétantes provenant du cœur même du Mont-Blanc.

Il y a peu de choses plus ennuyeuses qu'un lieu commun. Et dans le monde de la montagne on en trouve plein. L'un d'eux est que « c'est la faute aux autres ». Nous, les grimpeurs et alpinistes ne salissons pas, ne dérangeons pas les animaux, ne causons pas de graves répercussions sur le milieu naturel. C'est toujours la faute aux autres...

Et il n'y a rien de plus difficile à éradiquer qu'un lieu commun. Peut être parce qu'on vit mieux en évitant les problèmes qu'en les acceptant. Certes, la majorité de la communauté de la montagne est respectueuse envers le milieu, mais on ne peut ignorer la situation de beaucoup de falaises d'escalade et d'autres endroits en haute montagne, non accessibles aux « touristes ».

Nous avons reçu une lettre de deux alpinistes qui ont gravi le Mont Blanc par le versant de Brenva le week-end dernier. Surpris par ce qu'ils ont vu, ils nous ont écrit dès leur retour pour dénoncer cette situation, malheureusement récurrente dans d'autres massifs et refuges.

On devrait faire un effort pour transmettre à tous ceux qui nous entourent, passionnés de montagnes ou pas, la nécessité absolue d'effacer, dans la mesure du possible, toute trace de notre passage dans un milieu aussi fragile que précieux, les écosystèmes de montagne.

« Je vous écrit pour dénoncer la saleté et la grande quantité d'ordures accumulées que nous avons rencontrées le week-end dernier lors de notre passage au refuge-bivouac de La Fourche, sur le versant Brenva, dans le Mont-Blanc.

Samedi dernier, j'étais en compagnie d'un autre alpiniste pour grimper la Boivin au Pilier d'Angle, mais les conditions de la glace et les températures trop élevées nous ont poussé à changer d’itinéraire. Nous avons choisi la Kuffner au Mont-Blanc, voie plus facile et moins exposée que nous avons grimpée dimanche.

Quand nous sommes arrivés au bivouac de la Fourche on a été surpris de la quantité d'ordures déposée aux alentours du refuge et même à l’intérieur.

Le refuge de la Fourche est l'un des refuges les plus spectaculaires des Alpes. Il est situé sur une arête, perché à 100 mètres sur le glacier de la Brenva, juste en face du pilier d'Angle, de l'arête Peuterey et de la paroi Brenva du Mont-Blanc. L'endroit est idyllique et l'accès difficile. On suppose que l'endroit n'est pas trop fréquenté par les « touristes », et que les personnes qui arrivent là-haut aiment vraiment la montagne. On en suppose beaucoup trop.

On passe beaucoup de temps à critiquer la quantité d'ordures accumulée sur les huit milles himalayens mais on n'est pas conscient que dans le berceau de l'alpinisme, là où les pionniers l'ont inventé, ça sens aussi très mauvais »

M.A.Vicente Zunzarren


Le refuge-bivouac de La Fourche


Derrière le refuge


Zone proche du refuge



Sac poubelle à l'interieur du refuge

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